Boudin (patronyme)

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Boudin (variante de Bodin) est un nom de famille français, issu du nom de baptême médiéval Bodin, d'origine germanique.

Occurrence[modifier | modifier le code]

Étymologie[modifier | modifier le code]

Cet ancien nom de baptême procède du nom de personne germanique Bodin, diminutif de Bodo, hypocoristique masculin des noms dont le premier élément est bod-, tels que :

  • Bodwulf, de bod- « messager » + wulf « loup ».
  • Bodrad, de bod- « messager » et rad « conseil ».
  • Bodhard, de bod- « messager » et hard « dur ».
  • Bodric, de bod- « messager » et ric « puissant ».
  • Bodeberht, de bod- « messager » et berht « éclat, brillance ».
  • Bothari, de bot-, forme mutée de bod- « messager » et hari, « armée ».
  • Bodwald, de bod- « messager » et waldan « gouverner ».

On retrouve également l'élément bod- dans plusieurs noms de nobles wisigoths tels Marobodus, Canabodus, Launebodus (formes latinisées).

Si les érudits du XIXe siècle ont beaucoup fantasmé sur cet élément, tous les spécialistes contemporains (voir la bibliographie ci-dessous) sont unanimes pour le rattacher au germanique commun °budōn- « messager », auquel s'apparentent l'ancien anglais boda, l'ancien saxon bodo, le néerlandais bode, l'ancien haut-allemand boto, le moyen haut-allemand bote et l'allemand moderne Bote, l'ancien norois boði (cf. suédois, danois bud), etc. Le germanique commun °budōn- est un dérivé du radical °bud- issu de l'indo-européen °bʰudʰ-, degré zéro de la racine °bʰeudʰ- « être conscient, savoir, faire savoir ». À celle-ci se rattachent par exemple le sanskrit bodhati « il s'éveille, il est illuminé » et bodhiḥ « parfaite connaissance », ainsi que les noms du Bouddha « celui qui est éveillé » et du Bodhisattva[1],[2],[3],[4].

Variantes[modifier | modifier le code]

Anciens dérivés[modifier | modifier le code]

Noms apparentés[modifier | modifier le code]

Noms issus ou dérivés de l'hypocoristique Bodo :

Noms dérivés de Boude(s), ou d'un radical Boud- tiré d'un des noms ci-dessus :

Histoire[modifier | modifier le code]

Parmi les mentions anciennes de cet anthroponyme en Normandie, on peut citer :

Ce nom est aussi présent dans beaucoup de régions en France au XIXe siècle (Nord, Nord-ouest, Sud-ouest et sillon rhodanien) avec un maximum de concentration à Paris et dans le pays de Caux.

Héraldique et famille Boudin[modifier | modifier le code]

Blason de la Famille Boudin, XIIe siècle, en Normandie
  • Arthur Boudin, directeur de l’ancien collège de Honfleur à la fin du XIXe siècle, dont il assura la prospérité. Son nom a été donné à une place de Honfleur. Il fut la cible d’Alphonse Allais qui fréquenta le collège jusqu’en 1870. L’Hydropathe ayant assuré à qui voulait l'entendre que le professeur Boudin était le célèbre inventeur du ressort à boudin, le digne pédagogue exigea un démenti. Alphonse s’exécuta, et confirma par voie de presse que le professeur Boudin « n’avait rien inventé du tout, pas même le ressort qui portait son nom »[21]!
  • Stéphane Boudin (1888–1967) décorateur français et ancien directeur de la Maison Jansen.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Julius Pokorny, Indogermanisches etymologisches Wörterbuch, Berne, Francke Verlag, 1959-1969, p. 150.
  2. Calvert Watkins, The American heritage dictionary of Indo-European roots, Boston, Houghton Mifflin Company, , p. 8a/b.
  3. Duden VII, Etymologie, Dudenverlag, Bibliographisches Institut Mannheim/Wien/Zürich, , p. 78a.
  4. Morlet 1968, p. 59b.
  5. Ces deux derniers noms peuvent aussi représenter Baldin, diminutif de Baldo, hypocoristique des noms germaniques dont le premier élément est bald- « hardi ».
  6. Ce dernier nom peut aussi représenter un sobriquet médiéval issu de l'ancien français bode « nombril ».
  7. Ce nom représente soit un dérivé en -ereau du radical Boud-, soit un dérivé en -eau de Boudier < Bodhari, combinaison de bod- « messager » + -hari « armée ».
  8. Léchaudé D’Anisy et Antoine Charma, Magni Rotuli Scaccariæ Normanniæ sub regibus Angliæ, pars secunda, Mémoire de la Société des Antiquaires de Normandie XVI, 2e série, 6e volume, Paris, 1852, p. 109a.
  9. Léopold Delisle, Recueil des actes de Henri II, revu et publié par Élie Berger, Imprimerie Nationale, Paris, t. II, 1920, p. 366, § DCCXXXV.
  10. Léchaudé D’Anisy et Antoine Charma, op. cit., p. 90a.
  11. Léopold Delisle, Études sur la condition de la classe agricole et l’état de l’agriculture en Normandie au Moyen Âge, éd. A. Hérissey, Évreux, 1851, p. 674.
  12. Thomas Duffus Hardy, Rotuli Normanniae in turri Londinensi asservati, Johanne et Henrico quinto Angliæ regibus, vol. I, , p. 252.
  13. Joseph Reese Strayer, The royal domain in the bailliage of Rouen, Princeton, Princeton University Press, 1936, f° 117 r°.
  14. Pouillé du Diocèse de Coutances, 1332, in Auguste Longnon, Pouillés de la Province de Rouen, Recueil des Historiens de France, Paris, 1903, p. 328F.
  15. Abbé G.-A. Simon, « Liste des Abbesses de Saint-Désir de Lisieux », in Études Lexoviennes III, Paris / Caen, 1928, p. 45-79.
  16. Papiers relatifs à la fabrique de l’église Saint-Michel de Pont-l’Évêque, in Michel Cottin, « Notes sur “l’œuvre et réparations“ de l’église Saint-Michel de Pont-l’Évêque », Bulletin de la Société historique de Lisieux no 41, mai 1998, p. 5-13.
  17. Xavier Vigan, « Acte de partage entre Gilles, Jacques et Nicolas Vigan, fils de Jean Vigan, écuyer, seigneur de Punelay, 5 octobre 1610 », Histoire et traditions populaires no 39 (septembre 1992), L'Oudon, p. 58-65.
  18. Registres paroissiaux de Guerquesalles, XVIIe siècle, Archives départementales de l'Orne, cote E dépôt 357/4.
  19. a et b L. Piel, « Études sur le Livre du Trésor des Authieux-sur-Calonne [1635-1672] », in Bulletin de la Société historique de Liseux no 7, année 1879, p. 1-55.
  20. le Marquis Henri de Frondeville, « Documents ayant trait à la Levée d’une Contribution extraordinaire sur la Ville de Lisieux en 1637 », in Études Lexoviennes III, Paris / Caen, 1928, p. 253.
  21. Dominique Fournier, Dictionnaire des noms de rues et noms de lieux de Honfleur, Éditions de la Lieutenance, Honfleur, 2006, p. 35a.
  22. « Nogent-le-Rotrou »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  23. « Archives de l'art français ».

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • A. de Coston, Origine, étymologie & signification des noms propres et des armoiries, 1867 [1].
  • Albert Dauzat, Dictionnaire étymologique des noms de famille et prénoms de France, édition revue et augmentée par Marie-Thérèse Morlet, Larousse, Paris, 1980.
  • Marie-Thérèse Morlet, Les noms de personnes sur le territoire de l’ancienne Gaule du VIe au XIIe siècle, t. I, Paris, CNRS, — Les noms issus du germanique continental et les créations gallo-germaniques.
  • Marie-Thérèse Morlet, Dictionnaire étymologique des noms de famille, Perrin, Paris, 1991.
  • Dominique Fournier, Noms de Famille de Normandie. Dictionnaire des noms les plus fréquents, OREP, Cully, 2008.

Deux ouvrages du XIXe siècle, aujourd'hui tout à fait dépassés, sont à éviter (pour le premier), ou à utiliser avec d'extrêmes précautions (pour le second[réf. nécessaire] ; de solides connaissances en linguistique et onomastique germaniques sont nécessaires pour y séparer le bon grain de l'ivraie) :

  • H. Meidinger, Dictionnaire étymologique et comparatif des langues teuto-gothiques, 1836 [2].
  • Ernst Förstemann, Altdeutsches Namenbuch, Personennamen und Ortsnamen. – 2 vol., in 4°, Nordhausen, 1856 [3].